Ci-gît la marionnette.
Réification et réanimation de l'humain à l’œuvre sur les scènes de Tadeusz Kantor et de Louise Bourgeois
Sous la direction d’Evelyne Grossman, Sorbonne Paris Cité & Université Paris Diderot, soutenue publiquement le 3 juin 2019
Soutiens :
- Université Paris Diderot : contrat doctoral (2011-2014), ATER (temps plein 2014-2015 et 2015-2016)
- Bourse de l’Institut International de la Marionnette, Charleville-Mézières (2016)
Jury :
Catherine Bernard (université Paris Diderot), Didier Plassard (université Paul Valéry – Montpellier 3), Eloi Recoing (université Sorbonne-Nouvelle), Julie Sermon (université Lumière Lyon 2), Amos Fergombé (université polytechnique des Hauts de France)
La marionnette qui hante ce travail est immobile, gisante. L’objet resté inerte, exposé dans toute sa placidité, révèle pourtant une nouvelle forme de vie. Au cœur d’un théâtre qui se refuse à l’illusion de la représentation, d’un art qui projette sur la matière morte ses peurs des misères physiques et psychiques, cette poupée inerte pose la question d’un corps décomposé qui revient à la vie à travers l’œuvre d’art. Que représente cet élargissement des registres de présences ? Comment le spectateur réagit-il à cette intrusion d’un irréel qui parfois semble plus vrai encore que le réel, à la fois grotesque et inquiétant ?
Réanimer les pantins, les spectres de son enfance, les sources de son inspiration, sont les moyens qu’ont choisis Tadeusz Kantor et Louise Bourgeois pour se confronter à cet objet qui, fallacieusement, imite l’humain ou le défigure. De l’installation à la mise en scène des objets et jusqu’au rythme d’une œuvre inquiétée de l’intérieur s’opère ce que cette étude envisage comme une nouvelle dramaturgie marionnettique, non plus seulement celle de l’objet animé mais celle, peut-être, qui permet de penser l’œuvre d’art comme un organisme vivant, espace d’un nouveau « théâtre énergétique » comme celui pensé en son temps par Jean-François Lyotard.
Il s’agit donc de poser la question d’un « état d’esprit marionnettique » dont l’émergence serait à placer au cœur de cette postmodernité devenue moderne. L’œuvre de Tadeusz Kantor comme celle de Louise Bourgeois teintent la question du noir des ombres, ou du rose qui tranche. Ils la pensent en tuant la marionnette, et en répétant indéfiniment la scène, ne craignant pas d’y voir valser les volutes de poussière.
Mots-clés
Tadeusz Kantor, Louise Bourgeois, esthétique, marionnette, installation, exposition, présence, théâtralité, objectité, défiguration, théâtre énergétique.